
Les salles de vente, les collectionneurs, les joailliers se les arrachent ! Les diamants de couleur ont une cote qui n’est pas près de s’essouffler…
Un phénomène géologique
Un diamant de couleur présente une teinte perceptible autre que le blanc typique des diamants dits « incolores ». Une gamme riche qui va du jaune, au rouge en passant par le bleu, le vert, l’orange, le violet et surtout le rose, le plus de mandé. Ces colorations sont le fruit d’accidents géologiques. Ils sont survenus lors de la formation du diamant dans la croûte terrestre — impuretés, pressions, irradiations — rendant chaque pierre unique. Baptisés en anglais, « fancy diamonds », ces diamants n’ont rien de fantaisie. Ils sont rares, exceptionnels et très recherchés.
Le tournant des années 1980/1990
La découverte, en 1985, de la mine Argyle (groupe Rio Tinto) dans l’État d’Australie-Occidentale, propulse les diamants de couleur et notamment les diamants rose et « champagne », sur la scène mondiale. Dès 1990, le GIA (Gemological Institute of America) apporte sa garantie en leur octroyant leurs premiers certificats.
Objets de collection détenus par quelques privilégiés comme les familles royales, aristocratiques ou les passionnés de gemmologie, les diamants de couleur sont de plus en plus proposés par les maisons de ventes aux enchères. Ils intéressent aussi les grandes maisons de joaillerie : Tiffany & Co, Graff, Van Cleef & Arpels ou Harry Winston lancent des collections à grands renforts de publicités.
La maison Tiffany met en avant le fameux Tiffany Yellow, diamant jaune de 128,54 carats, porté par Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé, le groupe mise, aujourd’hui, sur Lady Gaga ou Beyoncé pour incarner ces pierres de couleur.
Des diamants de plus en plus rares et de plus en plus chers
Depuis l’article fondateur du géologue Sydney H. Ball, dans le magazine Gems and Gemmology du GIA en 1935, les estimations ont peu évolué : les diamants de couleur représenteraient 1/10 000 de la production totale de diamants. Avec comme zone quasi exclusive d’exploitation, l’Australie. Mais la hausse des coûts de production et les contraintes écologiques raréfient la recherche de nouveaux gisements et contraignent Rio Tinto à fermer, en 2020, la légendaire mine Argyle.
La cote des diamants de couleur devrait donc se maintenir à un niveau élevé. En 1987, le « Hancock Red », un diamant rouge de 0,95 ct réalise pour la première fois le prix de 926 000 dollars par carat, lors d’une vente aux enchères, soit plus de 7 fois le record du prix par carat pour un diamant incolore similaire. En juin 2023, l’Eternal Pink, un diamant rose de 11,15 carats, est vendu chez Sotheby’s New York pour 57,3 millions d’euros alors que le Bleu Royal, un diamant bleu de 17,61 carats, est vendu chez Christie’s Genève en novembre 2023 pour près de 40,7 millions d’euros.
Institut National de Gemmologie
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Par Alexandra Laloum, gemmologue et experte en bijouterie joaillerie, enseignante à l’ING / Pour Le Bijoutier International Magazine