
Dans son atelier à Solenzara en Corse-du-Sud, Jean-Dominique Le Meur confectionne des garde-temps d’exception conjuguant élégance, savoir-faire horloger et artisanat d’art. Il nous embarque dans les coulisses de son aventure entrepreneuriale, où sa passion fait sens et son identité demeure.
Par Charlotte Larroche-Palmeri
« Mouvement suisse, âme corse ». L’adage est simple pour résumer l’essence des Montres Le Meur. « L’objectif est de proposer de l’artisanat d’art » se positionne Jean-Dominique le Meur, fondateur de la maison. Dans son atelier à Solenzara — d’où il est originaire, il ne compte pas les heures pour concevoir ses garde-temps, entièrement conçus en Corse. Et s’ils ont pour fierté l’insularité, ils peuvent aussi se venter de contenir dans leurs mouvements, toute l’excellence suisse. « J’ai fait des études en ingénierie micro-mécanique horlogère à la Haute École Arc de Neuchâtel, avant de me spécialiser dans la restauration de montres, raconte-til. Un gros poste m’attendait là-bas, mais le covid est passé par là. » Alors confiné dans son village, il se mit au défi de fabriquer une montre. La Maison Le Meur était née, avec des chronographes de régate en guise de premier chapitre.
DES PIÈCES UNIQUES
« Je crée des pièces uniques et personnalisées pour mes clients » lance Jean-Dominique Le Meur. Je réalise des gravures personnalisées sur mes garde-temps, comme des blasons, des noms de famille, ou de la reproduction photo. » Dans son atelier, il présente toutes les machines dans lesquelles il a investi pour la confection de ses garde-temps. Avant d’acheter l’un de ses modèles, il propose — le temps d’un moment privilégié avec ses clients, de visiter son atelier pour partager sa passion. « Ce que j’essaye de faire, c’est de créer un rencontre entre l’artisan que je suis, les amateurs d’horlogerie et d’artisanat d’art pour leur présenter mon travail et leur faire comprendre tout le métier qui se cache derrière une montre. » Lancée avec le modèle A Prima en 2021 (la première montre de luxe faite en Corse), la collection de Montres Le Meur — comprises entre 2 500 et 6 500 € pour les modèles standards et allant jusqu’à 8 900 € pour les éditions limitées, est complétée par la montre de plongée A Lucerna, le modèle Andarina avec un fuseau horaire supplémentaire, et la dernière arrivée, Catrama, qui se distingue par « ses boutons poussoirs vissés dans la même veine que la Daytona. »

VALORISER L’ARTISANAT
ET LES MÉTIERS D’ART
Dans ses collaborations, Jean-Dominique Le Meur signe des partenariats insulaires de haut-vol. Parmi ces derniers, la marque de vêtements Sgió, avec un cadran aux couleurs de son bleu de chine signature, une édition limitée avec Xavier Biancarelli, « l’un des deux seuls couteliers de Corse avec Jean-Dominique Susini à maitriser le feu » qui donna naissance à un modèle sur fond de disques en acier feuilleté, puis une collaboration avec Mathieu Graziani, un artisan luthier qui lui proposa un cadran en micro marqueterie représentant une rose des vents. En éditions très limitées, produites à dix exemplaires environ, ces modèles s’insèrent dans la quarantaine de montres qu’il conçoit à l’année. Du dessin à l’assemblage en passant par la confection de ses garde-temps, Jean-Dominique Le Meur se veut aussi être un artisan. « Je peins mes cadran à la main, à la goutte à l’aide de petits outils, ou encore par tempographie pour graver les cadrans en émail grand feu, une technique ancestrale dans l’horlogerie depuis 3 siècles » raconte-t-il. Et lorsqu’on le questionne sur ses perspectives d’évolution, il confie sa « peur du changement d’échelle » désireux de continuer à « rencontrer ses clients. » A Solenzara.