30/10/2025 – VILLOD SECRETANT, histoire de transmission…
La Maison Villod-Secrétant, à Lyon, accompagne les artisans bijoutiers et joailliers de France en leur offrant un vaste choix de pierres pour la création et la réparation de bijoux.
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Presque centenaire, la Maison Villod-Secrétant, à Lyon, accompagne les artisans bijoutiers et joailliers de France en leur offrant un vaste choix de pierres pour la création et la réparation de bijoux. À la tête de cette entreprise familiale reprise par les Rey-Coquais, Augustin Jusot reprend doucement les rênes, épaulé par son oncle.

Le Bijoutier International : Vous avez récemment repris la maison Villod Secrétant. Quel est votre parcours ?

Augustin Jusot : Je suis un néophyte. Je connaissais la maison à travers notre histoire familiale puisque la famille Rey-Coquais est ancrée depuis plusieurs générations dans la bijouterie. Grâce au Réseau Entreprendre, j’ai obtenu un financement à taux zéro qui m’a permis de me lancer dans cette reprise avec mon oncle, Franck Rey-Coquais. Je continue à travailler main dans la main avec lui, afin qu’il me transmette son savoir. Il m’épaule encore 2 ans minimum, et m’apprend tout ce qu’il sait, notamment sur les achats et sur les choix de pierres. En parallèle, j’ai suivi une formation en gemmologie et obtenu le diplôme britannique FGA de la Gem-A, équivalent d’une licence, ce qui m’a permis d’acquérir des bases scientifiques solides et d’affirmer ma légitimité auprès de mes équipes, de mes clients et de mes fournisseurs. C’était dur mais très formateur !

Le Bijoutier International : Quelle direction donnez-vous à cette reprise ?

Augustin Jusot : Mon objectif est dans un premier temps de maintenir au moins le même niveau de chiffre d’affaires tout en garantissant la qualité du service pour nos clients, des achats, de l’écoute et de l’ambiance au sein de l’équipe. L’un de mes projets consiste à rendre la gemmologie plus accessible aux artisans. J’ai commencé à mettre en place un service simple et accessible : un bijoutier m’envoie une pierre, je l’identifie pour un prix modeste (une douzaine d’euros), puis je propose éventuellement un certificat de gemmologie dite « simple », au nom de la Maison Villod-Secrétant, autour d’une cinquantaine d’euros, mon diplôme m’y autorise. Je peux aussi accompagner mes clients vers un laboratoire partenaire pour 120 euros. Ce que je veux, toujours dans un esprit de service, c’est de permettre à nos clients d’être sereins notamment lorsque la pierre vient de leur client : on ne sertit pas de la même manière une imitation en verre, une synthèse et une matière naturelle. En interne, je voudrais aussi poursuivre la digitalisation en automatisant davantage les processus. Mon oncle avait déjà posé de bonnes bases avec un logiciel de gestion performant, mais il reste encore beaucoup de gains de temps possibles. Je travaille aussi à rendre notre présence « digitale » plus forte, via les réseaux sociaux et un site que nous mettons à jour. L’idée n’est pas de changer la Maison mais de changer la perception que nos clients en ont : beaucoup ne savent pas tous les services et pierres que nous avons à leur disposition.

Le Bijoutier International : La maison Villod-Secrétant a plusieurs casquettes : négociant, lapidaire, gemmologue… Comment la qualifiez-vous ?

Augustin Jusot : Pour moi, la maison est avant tout une maison de service. Un jour, quelqu’un m’a dit que nous étions un peu comme « l’épicerie fine de l’artisan bijoutier », cela traduit bien notre esprit sans rien enlever à la valeur de ce que nous faisons. Nous accordons la même attention à un oxyde d’un millimètre qu’à une émeraude de grande qualité à plusieurs milliers d’euros. Ce qui compte, ce n’est pas seulement le produit, mais la relation avec celui à qui nous le vendons. Nous travaillons avec une diversité incroyable de professionnels : des artisans seuls, des ateliers de 10 à 30 personnes, des créateurs établis, mais aussi des étudiants en formation qui cherchent simplement de quoi s’exercer. C’est pourquoi il est important que chacun puisse acheter à l’unité chez nous. Et surtout de pouvoir s’adresser à un seul interlocuteur, capable de leur fournir aussi bien des petites pierres pour des réparations, qu’un diamant de très petite taille à l’unité ou encore un choix de pierres de centre que nous leur confions.

Le Bijoutier International : Comment appréhendez-vous le marché actuel ?

Augustin Jusot : Mon oncle aime dire que nous sommes une niche dans la niche. Il disait aussi : « On est comme un bouchon sur l’eau : tant qu’il y a de l’eau, on flotte. » C’est une image qui me parle, car même si nous avons des clients de toutes tailles, notre cœur de clientèle reste constituée de petites structures. Mais notre assiette de clients reste large, ce qui nous rend plus résilients : si l’un fait défaut, ce n’est pas dramatique. En revanche, lorsque la conjoncture est mauvaise comme elle l’est actuellement, nous le ressentons assez rapidement immédiatement : l’activité reste soutenue, mais le panier moyen diminue. Certains de nos clients enregistrent -30 %, tandis que nous tenons plutôt à -10 %. Cela reste une baisse, mais grâce à l’importance de notre stock, nous parvenons à amortir le choc. Car, dans notre métier, je crois, ce qui fait la différence, c’est le stock. Nous alimentons en permanence, malgré la morosité économique.

Le Bijoutier International : Quelles sont les tendances de la rentrée ?

Augustin Jusot : Nous restons un acteur modeste du marché et je n’aurais pas la prétention de pouvoir dire la tendance du moment. Mais en ce qui nous concerne, en pierres précieuses, nous vendons beaucoup de saphir, et notamment ces derniers temps le fameux « teal », qui va du bleu-gris au bleu-vert « canard ». Je ressens une forte demande de turquoise, et de camée bleu, dont l’approvisionnement devient difficile. Enfin, il y a une tendance certaine : depuis six mois, on commence à nous demander beaucoup de diamants de synthèse, mais je n’en stocke pas : le risque de confusion avec le naturel est trop grand sans matériel spécialisé. En effet, la gemmologie de base nous laisse sans armes pour distinguer la synthèse du naturel… Aussi je ne propose que du certifié GIA ou HRD, et dans des dimensions déjà conséquentes, afin de limiter les risques.

Par Charlotte LARROCHE pour Le Bijoutier International

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