L’année 2020 s’achève sur une note d’espoir, la réouverture des commerces dits «non essentiels ». C’est sans compter le travail de fond réalisé, dans un climat particulier, par Francéclat que la filière se relève doucement mais surement. Rencontre avec Hervé Buffet, Délégué Général Francéclat.
Propos recueillis par Caroline Coiffet
Dans quel état d’esprit est Francéclat à l’annonce du deuxième déconfinement ?
C’est vrai qu’à l’heure où je vous parle, je dois dire que nous retrouvons le sourire au sein du comité. L’activité va pouvoir repartir, c’est une bonne chose pour l’ensemble de la profession. Tout le monde espère faire un bon mois de décembre. Je rappelle que nous avons toutes les cartes en mains. Le secteur de la bijouterie avait déjà bien rebondi après le 1er confinement. Le bijou a souvent été mis en concurrence avec les voyages dans les intentions d’achats. Comme il devient difficile de voyager, le bijou peut vraiment tirer son épingle du jeu dans les prochaines semaines.
Selon vous, la crise a-t-elle créé plus de solidarité entre les différents acteurs de la filière ?
Il y a une tendance qui se dégage, et ce même avant la crise sanitaire. Nous avons remarqué une évolution par rapport au collectif. C’est certainement dû à cette nouvelle génération qui arrive. Certes, ce collectif peut paraître plus court-termiste avec une volonté d’obtenir des résultats rapides, mais cela reste de l’engagement et j’en suis plutôt satisfait, d’autant que cela correspondant bien à l’ADN de Francéclat. Quand il y a des difficultés, c’est vrai que l’on peut faire le choix de les résoudre individuellement mais je n’y crois pas trop. Nous sommes objectivement dans une situation complexe pour laquelle nous n’avons pas de point de repère. Le collectif retrouve une place légitime de point d’appui… Cet état d’esprit collectif est plus visible aujourd’hui et certainement plus fort qu’il n’a pu l’être auparavant.
Quelles sont les urgences auxquelles vous avez dû faire face ?
Les premières initiatives du comité se sont donc mises en place rapidement avec notamment la suspension, pendant 6 mois, de la collecte de la taxe pour tous les établissements fermés. Pour notre filiale de capital risque, nous avons revu toutes les modalités d’intervention au sein des sociétés dans lesquelles nous avions investi afin de leur apporter une bouffée d’air. Enfin, nous avons beaucoup travaillé avec les sept chambres syndicales qui sont au conseil d’administration de Francéclat sous forme de cellule de crise pour que chacun puisse faire des retours terrain, faire part de ses inquiétudes, et qu’ensemble nous puissions lancer des démarches communes. Unie, la filière parle plus fort et mieux.
Comment le comité Francéclat s’est-il positionné pour apporter des éléments de réponse ?
En termes d’actions, nous avons adressé un certain nombre de courriers à destination des pouvoirs publics pour faire remonter nos inquiétudes, porter des thématiques et des sujets afin de les faire avancer rapidement. Pendant le deuxième confinement, nous avons ainsi adressé, avec les sept chambres syndicales, un courrier au Président de la République l’appelant à faire rouvrir les commerces dits « non essentiels ». C’est d’ailleurs une terminologie que nous avons trouvée extrêmement blessante pour la profession. Nous avons également eu beaucoup d’échanges avec les différents cabinets ministériels concernés.
De manière différente, nous avons revu les priorités budgétaires qui avaient été initialement votées en 2019, pour construire un nouveau budget focalisé sur le développement France avec notamment un investissement conséquent sur la communication au travers d’une campagne de publicité sans précédent.
Autre point que nous avions déjà identifié, la nécessité de renforcer les fonds propres des PME. À ce titre, nous réfléchissons dès à présent à des solutions orientées fabricants et distribution, dont on pourra parler plus en détail très prochainement.
Nous avons également fait notre révolution visioconférence comme tout le monde avec plusieurs webinaires qui ont, je dois le dire, rassemblé beaucoup de monde. Certains ont rencontré un vif succès à l’instar de celui consacré au protocole sanitaire en sortie de 1er confinement ainsi que celui sur les outils digitaux. En accès rapide, ce dernier a permis aux entreprises de se retourner rapidement et trouver des solutions pour palier à d’éventuelles fermetures.
Quelles sont justement les solutions digitales que vous avez proposées ?
Nous avons musclé notre approche sur la transition numérique pour la partie distribution. Cela s’est fait en 3 temps :
Un premier temps consacré aux découvertes, échanges et partages d’expérience sur la base des besoins identifiés avec les professionnels, la création du Collège numérique et Francéclat TV. Un autre sur l’accompagnement à la transformation numérique en partenariat avec l’UBH et le cabinet de transformation digitale, Digilian. A ce titre, après avoir mené des entretiens exploratoires auprès de détaillants, fabricants et prestataires, l’idée était d’identifier les irritants côtés clients et les difficultés chez les détaillants. Des parcours ont ainsi été imaginés. Adaptés à la taille des entreprises, au budget dont elles disposent et à leurs besoins, ils répondent à différentes problématiques : ouvrir un site web marchand, implanter une solution de paiement, acheter du média en ligne…
Enfin, nous avons réfléchi à verser une aide financière pour aider les entreprises à prendre le virage du numérique. Le dispositif Digimille soutient à hauteur de 1.000 € (si l’investissement pour se digitaliser atteint le double, soit 2.000 €), les entreprises souhaitant entrer dans cette stratégie.
Vous avez récemment mis en place Francéclat TV, en quoi cet outil va-t-il aider les professionnels du secteur ?
Francéclat TV est née avec l’idée de diffuser toutes les réunions du Collège numérique, qui font l’objet d’une capture vidéo, afin d’offrir un outil accessible à tous. C’est un peu comme la télévision à la demande où chacun peut voir ou revoir une expérience à laquelle il n’a pas pu assister, trouver les différents outils développés, consulter les tutoriels, les éditions du magazine de l’innovation ou encore se familiariser avec les mots utilisés dans le numérique.
On parle beaucoup de digitalisation, est-ce que vous pensez que le phygital va devenir une norme pour la filière (points de vente, salons, expositions) ?
C’est vrai que le digital n’est plus une option. Je pense qu’à l’avenir, il y aura pour tous un mélange des genres et une difficulté particulière pour les TPE à être présentes partout de manière efficace. Certains outils se sont avérés être très performants pour garder le lien, informer et échanger. Je pense notamment à la visioconférence qui permet à la fois un nombre de participants plus important et fait économiser du temps à ceux qui se trouvent en province. Cependant, le tout digital a ses limites, le face-à-face est primordial dans notre métier. Avec Didier Roux, nous avons une vraie foi en l’humain et la convivialité qui fait aussi toute la construction d’une filière. Les interactions sont importantes et nécessaires.
Plutôt optimiste pour 2021 ?
On sort d’une période compliquée où tous les événements se sont enchainés les uns après les autres : les gilets jaunes, les grèves de transport, la pandémie. Donc, oui, nous attendons 2021 avec impatience même si cela ne sera pas simple, en tout cas pour le premier trimestre. Beaucoup d’entreprises, malgré les aides de l’État, vont avoir du mal à relever la tête hors de l’eau. D’autres, c’est vrai, ont réussi à traverser la crise sans trop d’encombres, notamment les HBJO qui ont bénéficié d’une demande soutenue entre les 2 confinements. Cela est rassurant et nous permet de rester confiants.
Nous sommes mieux armés aujourd’hui, mais la prudence est de mise. C’est pourquoi le collectif est plus que jamais d’actualité. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur lui.