LE LABORATOIRE FRANÇAIS DE GEMMOLOGIE
LE LABORATOIRE FRANCAIS DE GEMMOLOGIE FIABILITÉ ET SÉCURITÉ Installé dans le IXe arrondissement de Paris, le plus ancien laboratoire de gemmologie du monde établit depuis plus de 90 ans des rapports d’analyse sur les gemmes et autres pierres précieuses. Rencontre avec Aurélien Delaunay, gardien de la vénérable institution. Par Caroline Coiffet ————————————– LBI : Vous […]

LE LABORATOIRE FRANCAIS DE GEMMOLOGIE

FIABILITÉ ET SÉCURITÉ

Installé dans le IXe arrondissement de Paris, le plus ancien laboratoire de gemmologie du monde établit depuis plus de 90 ans des rapports d’analyse sur les gemmes et autres pierres précieuses. Rencontre avec Aurélien Delaunay, gardien de la vénérable institution.

Par Caroline Coiffet

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LBI : Vous êtes à la tête du Laboratoire Français de Gemmologie (LFG) depuis juin 2018, pouvez-vous nous retracer votre parcours ?

Aurélien Delaunay : J’ai un profil scientifique puisque je suis diplômé d’un Master Science en géologie et d’un diplôme de gemmologie de l’université de Nantes. Depuis ma plus tendre enfance, je suis passionné par les pierres et j’ai donc voulu en faire mon métier. J’ai intégré le laboratoire en 2011 en tant que responsable du département diamant, puis en 2015, je suis devenu responsable de toutes les analyses du laboratoire avant de diriger à mon tour le laboratoire en tant que directeur.

Aurélien Delaunay, directeur du Laboratoire Français de Gemmologie (LFG)

LBI : Comment est né le Laboratoire Français de Gemmologie ?

Aurélien Delaunay : Les prémices de sa création datent de 1925 mais il est officiellement créé en 1929 par la communauté des négociants en pierres et perles afin de promouvoir et contrôler les pierres et gemmes. À cette époque, la perle de culture commençait à apparaitre. Les quelques 300 négociants en perles fines, installés dans le IXe arrondissement de Paris, souhaitaient un service permettant de les différencier de la perle naturelle. C’est d’ailleurs à ce moment-là que l’endoscope fait son apparition pour analyser les perles qui transitent sur les places de marchés. En 1936, le laboratoire est donné en gestion à la chambre de commerce et d’industrie de Paris jusqu’en 2010. Rattaché à l’Union BJOP, depuis 2011, le Laboratoire Français de Gemmologie poursuit sa mission d’expertise des gemmes en toute indépendance. Il est le seul, en France, à proposer des rapports d’analyse de toutes les gemmes, diamants, pierres de couleurs et perles dans leurs dimensions, leurs caractéristiques, leur identité, leurs formes et couleurs.

LBI : Comment est-il structuré ?

Aurélien Delaunay : Le Laboratoire Français de Gemmologie se compose de plusieurs départements. Un département administratif qui gère ledépôt et la reprise des objets confiés pour analyse. Six gemmologues oeuvrent au laboratoire. Certains ont en charge un département tel que le département des diamants mêlés ou encore le département pierres de couleur. Le Dr Stefanos Karampelas a récemment intégré le LFG en tant que responsable de laboratoire. Gemmologue internationalement reconnu, il a été chercheur pendant sept ans au Gübelin Gem Lab à Lucerne (Suisse), pendant un an au Gem Research Swisslab (GRS) à Meggen (Suisse) puis a été directeur de recherche pendant trois ans au DANAT (Bahrain Institute for Pearls and Gemstone) à Manama (Bahreïn). Nous éditons près de 5 000 rapports par an et analysons plus d’un million de diamants mêlés par an. Nous sommes donc structurés en conséquence pour répondre au mieux aux demandes de nos clients.

« Beaucoup de nos clients sont des acteurs majeurs de la haute joaillerie dont l’épicentre se situe place Vendôme. »

LBI : A quoi sert un laboratoire de gemmologie et quelles sont ses missions ?

Aurélien Delaunay : Le rôle principal d’un laboratoire de gemmologie est d’identifier les matières gemmes qui y sont déposées et surtout de déterminer si elles ont subi un traitement. Pour les rubis, saphirs, émeraudes, spinelles ou encore opales, nous sommes en capacité de donner une opinion sur leur provenance géographique. Le Laboratoire Français de Gemmologie a également d’autres missions. La première est celle de l’information et de la communication auprès de ses clients (professionnels et particuliers) mais aussi du grand public. Nous intervenons également à l’international pour faire connaître le laboratoire via les salons professionnels tels que GemGenève ou Hong Kong. Nous proposons également, depuis 2013, des formations certifiantes (CQP) ainsi que des formations sur-mesure. Enfin, nous proposons régulièrement des conférences avec des intervenants internationaux.

LBI : Qui peut faire appel à l’expertise du Laboratoire Français de Gemmologie ?

Aurélien Delaunay : Beaucoup de nos clients sont des acteurs majeurs de la haute joaillerie dont l’épicentre se situe place Vendôme. Nous travaillons avec la plupart des maisons de joaillerie parisiennes ainsi qu’avec les acteurs qui gravitent autour. Les commissaires-priseurs et les antiquaires font également appel à nos services. Enfin, le particulier (entre 5% et 10% de notre chiffre d’affaires) peut nous confier des objets pour analyse.

LBI : Quelles technologies sont utilisées au sein de votre structure ? Sontelles les mêmes que celles utilisées par vos homologues européens ?

Aurélien Delaunay : Notre métier est un petit milieu et par conséquent, nous travaillons souvent ensemble. Nous faisons partie de la GemAlliance qui a été créée il y a 3 ans sur l’initiative d’un laboratoire thaïlandais (AIGS) et d’un laboratoire suisse (GGTL). Il n’est donc pas rare en effet que nous échangions des informations pour faire part de nos travaux et découvertes. En revanche, je peux dire que le Laboratoire Français de Gemmologie dispose d’une technologie de pointe que certains nous envient. La technologie du laboratoire, associée à l’exceptionnelle collection de gemmes, en fait la référence française de l’analyse gemmologique. Nous sommes dotés de matériels d’analyse de pointe, notamment d’un équipement de microradiographie/tomographie qui permet d’étudier la structure interne des perles, fines ou de culture. De même, nous utilisons la spectrométrie optique pour l’analyse des pierres. Toutes ces techniques sont non invasives et ne détériorent en aucune manière les objets.

Exemples de gemmes analysées au Laboratoire Français de Gemmologie (de gauche à droite : topaze, citrine et péridot).

LBI : Concrètement, pouvez-vous nous expliquer les étapes d’un rapport d’analyse ?

Aurélien Delaunay : Lorsqu’une pierre arrive au laboratoire, elle est enregistrée et pesée pour l’identifier. D’ailleurs, elle est identifiée avec un numéro pour qu’il n’y ait aucun lien avec le client qui l’a déposée. Cela nous permet de garder notre impartialité dans le cadre de l’analyse. La pierre passe ensuite du côté laboratoire où elle va subir toute une batterie de tests avec une pesée officielle, une prise de photos et des scans 3D. Après, nous analysons les inclusions en prenant des photos au microscope. Nous procédons ensuite à l’analyse en gemmologie classique puis en gemmologie de laboratoire où là, suivant ce que l’on aura découvert au préalable, on procédera à des analyses bien spécifiques nous permettant d’une part de justifier nos conclusions (identification de la pierre) et d’autre part de pousser l’analyse si le client le demande (indication géographique par exemple). Tout ce processus est normé. Et toutes nos analyses sont enregistrées sur notre serveur. Pour le diamant, les procédures sont encore différentes. On va déterminer si la pierre est naturelle ou synthétique via l’imagerie luminescente puis on va procéder à sa gradation (couleur et pureté) où plusieurs gemmologues vont intervenir pour donner leur opinion. Pour les perles, on procède à des radiographies pour observer leur structure, et parfois même à des tomographies – nous sommes les seuls à le faire en France – pour reconstruire en trois dimensions l’intérieur de la perle. Chaque procédure d’analyse d’une gemme est normée. D’ailleurs, le LFG est le seul laboratoire d’analyse gemmologique au monde à être certifié RJC, ISO 9001 et très récemment ISO 17025. Cette dernière norme a fait l’objet d’une accréditation de nos méthodes d’analyse par le comité français d’accréditation (COFRAC).

LBI : Vous arrive-t-il parfois de tomber sur une pierre qui vous donne du fil à retordre ?

Aurélien Delaunay : C’est vrai que parfois, nous pouvons y passer plusieurs heures voire plusieurs jours parce que bien souvent la pierre est dans une « zone grise » à savoir : est-ce qu’elle est de telle origine ou pas ? A-t-elle subi un chauffage ?… La réponse n’est pas noir ou blanc et donc, il y a forcément des débats entre nous. On compare alors avec des données que l’on a déjà acquises, avec des publications ou articles scientifiques pour trouver une nouvelle méthode d’analyse qui nous permettrait de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Parfois, on fait aussi appel à notre réseau et à Emmanuel Fritsch, notre conseiller scientifique. Il ne faut pas croire, le métier de gemmologue est un vrai métier d’enquêteur !

LBI : Que pensez-vous de l’arrivée massive des pierres et diamants synthétiques ?

Aurélien Delaunay : Les pierres de synthèse sont facilement détectables lorsque l’on dispose des bons outils. Sans notion, sans expérience, il est vite possible de passer à côté, et c’est là où est le risque. Du point de vue du Laboratoire Français de Gemmologie, nous n’avons pas de position à prendre quant à l’arrivée sur le marché des pierres synthétiques. Personnellement, je pense que c’est un marché qui doit exister et qui va très vite s’orienter vers la fantaisie, car les diamants de synthèse peuvent être créés en grande quantité. Les prix vont également chuter, ce qui est un véritable argument de vente. Pour nous, c’est une pierre comme une autre. En revanche, il est certain que nous nous refusons à grader le diamant de synthèse.

LBI : Voyez-vous encore de belles pierres passer au sein du Laboratoire Français de Gemmologie ?

Aurélien Delaunay : Depuis que je suis au laboratoire, il y en a eu beaucoup. En fait, même la plus petite pierre, qui n’est pas forcément belle au premier coup d’oeil, peut avoir un intérêt, notamment si elle possède des inclusions.

LBI : Quelle est justement la pierre la plus incroyable que vous avez pu analyser ?

Aurélien Delaunay : Le diamant ne me laisse jamais de marbre. J’ai notamment vu passer au Laboratoire Français de Gemmologie, un diamant de 50 carats avec une couleur et une pureté irréprochables.

Toutes les informations du Laboratoire français de gemmologie

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