L’ENTRETIEN : Dominique GIULIANI / G’WELL
Entrepreneur créatif et joaillier incontournable du marché français, Dominique GIULIANI revient sur son atelier : l'atelier G'Well
dominique giuliani

–> UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE <–

C’est à travers le métal et la pierre que la beauté joaillère se réinvente sans cesse, sur le fil tendu entre brillance éternelle et innovation technique. Depuis 18 ans à la tête de son entreprise, Dominique Giuliani le sait parfaitement.

Entrepreneur créatif et joaillier incontournable du marché français, dont l’excellence est recherchée par de prestigieux partenaires BtoB, il revient pour Le Bijoutier International Magazine sur son parcours et cette passion tenace, qui vibre aujourd’hui au sein de son atelier, créé en 2004 dans l’écrin d’une ancienne longère au coeur de la région bordelaise. L’atelier G’well, réputé pour son savoir-faire, produit chaque année plus de 2.500 pièces diffusées au rythme de deux collections. De grandes marques de Joaillerie Française se sont aussi tournées vers lui pour lui confier des pièces de leur collection en sous-traitance.

Dominique GIULIANI, directeur général G’WELL

Le Bijoutier International : Pouvez-vous nous dire d’où vous vient votre passion pour les pierres ?

Dominique GIULIANI : D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours affectionné le travail créatif, au plus près des matériaux. Mon histoire familiale ne me destinait pas forcément au secteur des métiers d’art, mais j’étais doué pour le dessin et j’avais déjà l’esprit curieux et indépendant. A 17 ans, je me suis donc orienté vers un CAP en métaux précieux, parachevé par un BMA. Je faisais d’ailleurs partie de la première promotion de cette toute nouvelle formation au lycée technique de Valence ! C’est là que j’ai acquis mes premières notions en gemmologie.
Mais la véritable passion pour les pierres est arrivée un peu plus tard.
Après 8 ans de design et maquettisme chez Orphelia, une société de production de bijoux pour hommes. J’ai voulu retrouver le coeur de la joaillerie et vivre mon métier pleinement. C’est-à-dire retrouver la capacité d’expression des pierres. En 2000, je me suis donc mis à mon compte en tant que designer, courtier en diamant et représentant. A cette époque, j’ai beaucoup voyagé en Afrique et en Asie, notamment pour faire du sourcing de pierres. Je n’ai jamais oublié mon métier de départ qui est la fabrication du bijou.

LBI : Et c’est à cette époque qu’arrivent les nouvelles technologies. En quoi ont-elles changé votre approche du métier ?

Dominique GIULIANI : Grâce à l’assistance de production par ordinateur, il est devenu plus simple de réaliser un bijou en usinage avec des machines cinq axes. Mais dans mon atelier, je ne fais pas d’usinage. J’ai au contraire pris le parti de réaliser le design des bijoux uniquement avec l’assistance d’imprimantes 3D. A ce titre, les imprimantes 3D ont révolutionné l’univers de la joaillerie, car elles permettent de réaliser des pièces beaucoup plus sophistiquées en termes de design, d’équilibre esthétique et de finition.

LBI : Aucun usinage. C’est donc un choix délibéré ?

Dominique GIULIANI : Oui, parce que la réalisation par usinage donne des bijoux aux angles plus raides. Or, je souhaite garder l’aspect de la qualité unique du fait-main. J’ai donc adapté la technologie à mon esthétique. Cela me permet aussi de faire des pièces uniques ou des éditions limitées. Chez nous, certaines bagues sont constituées de 15 ou 20 pièces à assembler et cela nécessite des centaines d’heures d’atelier. En cela, nous faisons de la Haute Joaillerie.

LBI : Le sourcing éthique est une préoccupation pour vous, mais qu’en est-il de l’empreinte carbone ?

Dominique GIULIANI : C’est évidemment une préoccupation mais je dirais qu’aujourd’hui, je suis très content de pouvoir participer à la vie, même si elle difficile, de certains villages à Madagascar, par exemple, et dans les pays tailleurs de pierres. Il faut s’imaginer que certains villages sont entourés de mines et que l’économie de la pierre fait vivre des centaines de familles chaque jour. Nous sommes des acteurs de cette économie et donc nous devons être conscients de cela avant d’enlever des maillons de la chaîne sans prévoir de solution. Aujourd’hui, les clients demandent que l’on soit responsable de notre sourcing et des conditions dans lesquelles il est réalisé. Nous sommes d’ailleurs labellisés Joaillerie de France et RJC « Responsible Jewelry Council ».

LBI : De quelle manière votre société de production joaillère se démarque-t-elle dans le paysage français ?

Dominique GIULIANI : Justement par cet attachement à l’artisanat, au savoir-faire et au Made in France. Et surtout parce que l’atelier G’Well englobe une chaîne de production complète, ce qui est assez rare dans le secteur pour que cela soit souligné. En effet, nous sommes compétents au sein d’un même lieu sur les huit étapes de la fabrication : le design, la conception 3D, la fonderie, la gemmologie, le montage, le sertissage, le polissage et la gravure. Cela nous permet de produire plus de 2.500 pièces par an. Cette autonomie est une force et une particularité.

LBI : Chez G’Well, combien de collections sortez-vous par an ?

Dominique GIULIANI : Nous sortons deux collections par an, une Printemps/Eté et une Automne/Hiver, avec en moyenne 80 à 100 références. Il s’agit de collections uniquement pour notre clientèle BtoB diffusées dans 130 points de vente en France. A cela s’ajoute tout au long de l’année, la création de pièces uniques et sur mesure qui représentent environ 40% de la production l’atelier.

LBI : Votre savoir-faire est très apprécié. De grandes marques de Joaillerie Française vous font confiance pour leur sous-traitance. Expliquez-nous.

Dominique GIULIANI : Nous sommes en capacité d’assurer la totalité de l’étude et de la fabrication, de l’encadrement graphique, jusqu’à la réalisation et le repiquage de la marque sur nos bijoux. Dans ce processus, je suis un « no-name » c’est-à-dire que je mets à disposition mon savoir-faire en marque blanche. Certains m’appellent d’ailleurs le « Générique » ! Mais au-delà de cette anecdote, il faut comprendre que lorsqu’on a compris l’ADN d’une marque, cela devient très intéressant de fabriquer pour elle.

LBI : Selon vous, comment a évolué la joaillerie française ?

Dominique GIULIANI : La France a gardé son savoirfaire en haute-joaillerie, même si certains pays comme la Suisse ont montré leur capacité à rivaliser dans ce domaine. Cependant, je trouve que la joaillerie française devrait être mieux accompagnée surtout dans la formation et la création d’emplois. Il y a 30 ans, on a perdu une part de notre marché qui s’est expatrié en Asie et dans des pays frontaliers. Depuis une dizaine d’années, les acteurs de la Haute Joaillerie Française souhaitent conserver la fabrication au sein du Made in France, mais la difficulté reste qu’il manque toujours des mains pour assurer ces emplois très qualifiés.

LBI : Comment définiriez-vous l’identité de votre société ?

Dominique GIULIANI : Une entreprise de moyenne et de haute-joaillerie qui promeut le Made in France et qui vit pleinement son métier au sein d’un atelier d’une trentaine d’employés avec beaucoup d’interactivité entre les différents départements de spécialisation.

LBI : Une pierre qui vous fascine et que vous aimeriez tenir entre vos doigts ?

Dominique GIULIANI : Un beau saphir cachemire ou un rubis de Mogok.

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English version

G’WELL

A UNIQUE KNOW-HOW

It is through metal and stone that jewellery beauty is constantly reinvented, on the tightrope between eternal brilliance and technical innovation. Dominique Giuliani, who has been at the head of his company for 18 years, knows this perfectly well.

A creative entrepreneur and a jeweller who is a must on the French market, whose excellence is sought after by prestigious professional partners, he tells Le Bijoutier International Magazine about his career path and the tenacious passion that vibrates today in his workshop, which was created in 2004 in the setting of an old farmhouse in the heart of the Bordeaux region. The
G’well workshop, renowned for its know-how, produces more than 2,500 pieces each year, distributed at the rate of two collections. Major French jewellery brands have also turned to it to subcontract pieces for their collections.

Le Bijoutier International : Can you tell us where your passion for stones comes from?
Dominique GIULIANI :
As far back as I can remember, I have always been fond of creative work, close to the materials. My family history did not necessarily destine me for the crafts sector, but I was gifted in drawing and I already had an inquisitive and independent mind. At the age of 17, I decided to take a CAP in precious metals, then a BMA. I was also part of the first class of
this brand new training course at the Valence technical school ! It was there that I acquired my first notions of gemmology. But the real passion for stones came a little later. After 8 years of design and model making at Orphelia, a men’s jewellery production company. I wanted to get back to the heart of jewellery and live my profession to the full. That is to say, to rediscover the capacity for expression of stones. In 2000, I therefore set up my own business as a designer, diamond broker and representative. At that time, I travelled a lot in Africa and Asia, especially to source stones. I have never forgotten my original profession, which is jewellery making.

LBI : And it was at this time that new technologies arrived. How have they changed your approach to the job ?
Dominique GIULIANI :
Thanks to computer-aided production, it has become easier to make a piece of jewellery by machining with five-axis machines. But in my workshop, I don’t do any machining. Instead, I have decided to design the jewellery solely with the help of 3D printers. In this respect, 3D printers have revolutionised the world of jewellery, as they make it possible to create pieces that are much more sophisticated in terms of design, aesthetic balance and finish.

LBI : No machining. So it’s a deliberate choice?
Dominique GIULIANI :
Yes, because machining results in jewellery with steeper angles. But I want to keep the unique quality of handmade jewellery. So I have adapted the technology to my aesthetic. It also allows me to make unique pieces or limited editions.
Some of our rings are made up of 15 or 20 pieces to be assembled, and this requires hundreds of hours in the workshop. This is what we do in Haute Joaillerie.

LBI : Ethical sourcing is a concern for you, but what about the carbon footprint ?
Dominique GIULIANI :
This is obviously a concern, but I would say that today I am very happy to be able to participate in the life, even if it is difficult, of certain villages in Madagascar, for example, and in the stonecutting countries. You have to imagine that some villages are surrounded by mines and that the stone economy supports hundreds of families every day. We are actors in this economy and therefore we must be aware of this before we remove links in the chain without providing a solution. Today, customers demand that we be responsible for our sourcing and the conditions in which it is carried out. We have been awarded the Joaillerie de France and RJC « Responsible Jewelry Council » labels.

LBI : How does your jewellery production company stand out in the French landscape ?
Dominique GIULIANI :
Precisely because of this attachment to craftsmanship, know-how and Made in France. And above all because the G’Well workshop encompasses a complete production chain, which is rare enough in the sector to be highlighted. In fact, we are competent in all eight stages of production in one location : design, 3D design, casting, gemmology, mounting, setting, polishing and engraving. This allows us to produce more than 2,500 pieces per year. This autonomy is a strength and a particularity.

LBI : At G’Well, how many collections do you release per year?
Dominique GIULIANI :
We bring out two collections a year, one Spring/Summer and one Autumn/Winter, with an average of 80 to 100 references. These are collections exclusively for our BtoB customers, distributed in 130 sales outlets in France. In addition, throughout the year, we create unique and custom-made pieces which represent about 40% of the workshop’s production.

LBI : Your know-how is highly appreciated. Major French jewellery brands trust you for their subcontracting. Tell us more.
Dominique GIULIANI :
We are able to take care of the entire design and manufacturing process, from the graphic design to the production and transfer of the brand name onto our jewellery. In this process, I am a « no-name », which means I make my know-how available as a white label. Some people even call me the « Generic »! But beyond this anecdote, you have to understand that when you understand the DNA of a brand, it becomes very interesting to manufacture for it.

LBI : How do you think French jewellery has evolved?
Dominique GIULIANI :
France has kept its knowhow in high jewellery, even if certain countries such as Switzerland have shown their ability to compete in this field. However, I think that French jewellery should be better supported, especially in training and job creation. Thirty years ago, we lost a part of our market to Asia and to neighbouring countries. For the past ten years, the players in French Haute Joaillerie have wanted to keep manufacturing within Made in France, but the difficulty remains that there is still a lack of hands to ensure these highly qualified jobs.

LBI : How would you define your company’s identity?
Dominique GIULIANI :
A medium and high jewellery company which promotes Made in France and lives its trade to the full within a workshop of around thirty employees with a great deal of interactivity between the various specialisation departments.

LBI : A stone that fascinates you and that you would like to get ?
Dominique GIULIANI :
A beautiful cashmere sapphire or a Mogok ruby.

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