« NOUS ALLONS METTRE EN PLACE DES SERVICES PRIORITAIRES POUR LES ACTEURS DE L’INDUSTRIE EN 2025 »
Avec le projet de réindustrialisation au niveau national, quelle est la place de l’horlogerie française ? Quelles sont les actions menées pour y parvenir et accompagner un secteur en pleine croissance ? Éléments de réponse avec le secrétaire général de France Horlogerie.
Le Bijoutier International : Quelle est l’activité de France Horlogerie ?
Guillaume Adam : France Horlogerie est une organisation professionnelle qui représente toute la chaîne de valeur de l’horlogerie française, de la fabrication des montres à celles des composants et équipements ainsi que l’horlogerie de gros volume (distribution, horlogerie industrielle…). Nous représentons environ une centaine d’entreprises, lesquelles ont réalisées en 2023, 410 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Celles-ci représentent plus de 3 000 emplois sur le territoire. Nous représentons cette filière auprès des pouvoirs publics et nous fédérons les acteurs autour de projets collectifs favorisant le développement de l’industrie. Nous avons aussi un rôle d’accompagne ment individuel des entreprises, qui peut être économique comme juridique.
Le Bijoutier International : Quel est votre rôle au sein de cette organisation ?
Guillaume Adam : Je suis secrétaire général de France Horlogerie depuis un an et demi. Je réalise la coordination et le pilotage de tous les aspects organisationnels et du budget. Je viens d’un secteur, l’électronique et le numérique, qui rencontre une problématique similaire : refaire une production en France.
Le Bijoutier International : Qu’est-ce qui caractérise l’horlogerie française actuelle ?
Guillaume Adam : Son dynamisme depuis un certain nombre d’années ! On assiste à une accélération depuis 6-7 ans du secteur porté par un intérêt croissant des consommateurs pour les marques françaises. Celles historiques se développent et en même temps, on constate l’arrivée de nombreuses marques émergentes. Aujourd’hui, il y a entre 80 et 90 marques horlogères en France. Ce dynamisme se traduit aussi par une forte croissance, 12 % en 2022, 7 % en 2023.
Bien que l’horlogerie française s’établisse dans un spectre allant de l’access à la haute horlogerie, on assiste toutefois à une montée en gamme progressive. Ce constat trouve son origine dans la volonté de produire avec des composants fabriqués ici qui apporte de la valeur aux montres. Il y a dix ans, il n’y avait plus de mouvement fabriqué en France, aujourd’hui 3 ou 4 entreprises fabriquent des calibres. Le design et l’innovation participent aussi à cette en gamme.
Le Bijoutier International : Dans ce contexte, quel rôle peut jouer l’horlogerie française ?
Guillaume Adam : Dès 2021, nous nous sommes interrogés sur la réindustrialisation du secteur avec le désir de penser l’horlogerie en 2030. Nous constatons une réelle volonté d’investir pour répondre à la demande des acteurs français. 1 200 emplois supplémentaires pourraient être créés à cette échéance.
En 2022, le gouvernement a inscrit la montre dans le programme de réindustrialisations des cinq objets du quotidien avec le lin, le vélo, la chaussure et le jouet.
Pour y parvenir, nous développons des outils pour épauler la croissance du secteur. L’horlogerie française est reconnue pour son design et son style élégant. Il y a un besoin d’accompagnement dans le process et les procédés de production. Une coopération des différents maillons dans la chaîne de valeur peut permettre de fluidifier les transactions pour mieux travailler ensemble. Nous souhaitons développer pour cela une plateforme coopérative.
Le Bijoutier International : Concrètement, quelles vont être les actions ?
Guillaume Adam : Nous allons, entre autres, mettre en place des services prioritaires pour les acteurs de l’industrie en 2025, des lieux de rencontre, un guichet unique, apporter des expertiser techniques pour le prototypage par exemple. Nous voulons apporter des services concrets comme l’installation d’un studio photo. Tous ont pour vocation d’asseoir le rayonnement et d’augmenter la visibilité de la filière. Deux bâtiments ont été retenus. L’un à Besançon sera dédié à l’innovation, l’autre à Morteaux à la coopération industrielle.
Le Bijoutier International : Mais, pour répondre aux demandes des entreprises, une formation adhoc est indispensable.
Guillaume Adam : L’horlogerie associe des métiers industriels et des métiers d’art. Le développement du secteur ne peut se faire qu’avec des compétences à tous les niveaux, horlogers, opérateurs, ingénieurs, designers… Nous avons la chance d’avoir en France un écosystème riche et de qualité. Au moins dix lycées professionnels disséminés dans toutes les régions délivrent des CAP, des brevets ou des diplômes liés aux métiers d’art. Chaque année, des élèves de grande qualité sortent de ces établissements. Nous avons également des écoles d’ingénieurs spécialisées et des centres de recherche.
Cependant, l’horlogerie française fait face à une problématique : son attractivité. Il est impératif de promouvoir et de faire connaître la filière auprès des étudiants, leur expliquer que l’on peut faire de belles carrières avec des évolutions possibles en restant en France.
Le Bijoutier International : Vous étiez présent durant la Hong Kong Watch & Clock Fair 2024. Quels enseignements tirez-vous de cet événement ?
Guillaume Adam : Ce salon de référence en Asie est un événement important dans l’agenda des entreprises françaises. Avec Francéclat, nous nous organisons le Pavillon France afin d’accompagner nos marques. L’Asie est un marché important pour elles.
Nous intervenons dans différents forums aux côtés de nos pères sur des thématiques liées aux perspectives du secteur et aux problématiques de visibilité sur ce marché asiatique. Nos actions sont très structurantes. Elles soulignent la vitalité de l’industrie.
L’horlogerie française est le 4e exportateur mondial.
80 % de la production des marques de montres et des composants sont pour l’export. L’horlogerie française bénéficie d’une place forte au niveau mondial.
Le Bijoutier International : Quels sont vos liens avec la distribution ?
Guillaume Adam : Nous travaillons avec nos confrères de la distribution notamment avec UBH (Union de la Bijouterie Horlogerie qui a été associée dès le départ au projet de réindustrialisation. Nous communiquons avec eux, nous organisons des événements croisés, les journées d’achats (BtoB) ou encore le Prix de la montre française annuel.
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INFORMATIONS
Adresse : 22, Avenue Franklin D. Roosevelt, 75 008 Paris
Téléphone : +33 (0)1 40 70 00 67
Email : contact@francehorlogerie.fr – Cliquez ICI
Par Dan DIACONU pour Magazine Le Bijoutier International