ALAIN NÉMARQ, CRÉATIVITÉ ET OPTIMISME
À l’aube de 2025, Alain Némarq – le président directeur général de la maison Mauboussin, nous accorde un grand entretien où s’invitent décryptages, conseils, et ressentis. Avec assurance, l’homme qui a agité le monde de la joaillerie nous offre un tour d’horizon complet teinté d’optimisme et de créativité. Sans limites.
Propos recueillis par Charlotte Larroche
Le Bijoutier International : Cela fait près de 20 ans que vous avez lancé votre première collection chez Mauboussin. Mais vous avez également travaillé dans la mode et le marketing. Aujourd’hui, quelle définition donneriez-vous de la joaillerie ?
Alain Némarq : La joaillerie est à la fois une discipline d’art appliqué – car elle commence d’abord par le dessin et elle se continue par la création d’une sculpture qui sera portée, et en même temps une discipline de création de mode, car les maisons de haute joaillerie sont assez comparables aux maisons de haute-couture.
Le Bijoutier International : Vous avez fait du luxe accessible votre crédo. Pourriez revenir sur ce concept ? Comment l’avez vous développé ?
Alain Némarq : L’accessibilité, c’est d’abord une accessibilité créative. Il faut que la création soit compréhensible par l’homme ou la femme de mode à laquelle il s’adresse, et dans l’air du temps. Il faut ensuite que la maison soit accessible, c’est-à-dire avec un réseau de distribution comprenant un site internet qui rend proche le consommateur du point de vente. Et enfin, l’accessibilité en termes de prix. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas cher. À produits comparables, il faut que le prix pratiqué par Mauboussin paraisse modéré. Par exemple, on a une nouvelle collection de joaillerie qui est construite autour de platine – une collection d’excellence, qui n’est pas bon marché mais qui propose un rapport qualité/prix exceptionnel. Pour cela, je fabrique en France ou en Europe mais je modère mes marges bénéficiaires.
Le Bijoutier International : En termes de chiffres, que représente Mauboussin sur le marché actuel ?
Alain Némarq : Mauboussin va faire entre 80 et 85 millions de chiffre d’affaire cette année. Nous ne sommes pas mécontents de ce résultat étant donné le contexte, car nous avons été victimes d’un hacking qui nous a paralysé pendant près de deux mois et demi. Par rapport à l’année dernière, on se situera entre -5 et -10% dans un marché qui n’est facile pour personne auquel s’ajoute les conséquences du hacking qui nous empêchait d’avoir de la visibilité sur nos stocks.
Le Bijoutier International : À l’heure où la joaillerie est dans une période charnière avec un contexte économique en tension, quel avenir voyez-vous pour le secteur ? Êtes-vous plutôt optimiste ou inquiet ?
Alain Némarq : Je suis plutôt optimiste, car nous sommes une entreprise qui fait près de 75% de son chiffre d’affaires en France. Dans une période comme celle-ci, il y a sûrement une tension sur le pouvoir d’achat, mais il n’empêche que beaucoup des achats réalisés chez nous sont des achats qui célèbrent l’amour, et heureusement les gens ne sont pas prêts d’arrêter de s’aimer ! Ils continueront à avoir besoin de s’en donner les preuves …