Le Second Empire est une période de forte expansion. L’économie ne cesse de se développer soutenue par les banques. L’industrialisation croissante met le luxe et les bijoux à la portée d’une plus grande partie de la population. Parallèlement, les Expositions universelles de 1855 et de 1867 organisées à Paris suscitent une émulation économique, artistique et culturelle. A la tête du pays, Napoléon III et l’impératrice Eugenie donnent le ton dans de nombreux domaines.
L’enthousiasme pour ce qui est inédit est tel que le Second Empire se caractérise surtout par sa diversité d’inspirations. Les bijoux ne sont donc pas d’un style homogène, et l’éclectisme domine pendant le règne de Napoléon III. L’impératrice Eugenie en courage le retour à l’art français du XVIIIe siècle. Elle est, en effet, une admiratrice de Marie-Antoinette. Les motifs décoratifs Louis XV et Louis XVI, notamment avec les nœuds, connaissent un nouveau succès. Ainsi la maison Bapst remonte-t-elle une partie des bijoux de la Couronne dans le style du XVIIIème siècle. Le goût pour l’Antiquité est stimulé par la collection Campana acquise en 1860 par Napoléon III après de difficiles tractations. Cette collection ayant appartenu à un noble romain, le marquis Giovanni Pietro Campana, se compose de 1 200 bijoux grecs, étrusques et romains. Elle sera exposée au Louvre à partir de 1863. Dans le même temps, l’engouement pour les camées perdure ainsi que le style néo-Renaissance avec montures en or émaillé. Napoléon III à la manière de son oncle encourage le développement de la gravure.
Les motifs floraux sont très à la mode. Le répertoire végétal s’enrichit considérablement et se pare de diamants. Oscar Massin, afin de rendre plus réalistes et plus légères ses branches de joaillerie, perfectionne l’effet « tremblant » et réduit les montures. L’impératrice Eugénie achète à l’Exposition universelle de 1867 une broche en forme de branche de lilas, l’un des grands exemples du genre, réalisée par le joaillier Léon Rouvenat. La Maison Boucheron suit cet exemple en créant des broches du même type. Ce courant naturaliste s’intéresse également aux animaux à commencer par les insectes, à l’instar des mouches ou encore des papillons, puis s’étend aux oiseaux. À partir des années 1870 à 1880 naissent des créatures fantastiques comme les chimères ou les dragons qui seront par la suite adoptées par l’Art nouveau.
Enfin, les découvertes archéologiques dans la vallée du Nil et l’inauguration du canal de Suez en 1869 relancent le style égyptien, comme le prouvent les bijoux ornés de palmes, de feuilles de papyrus ou encore de scarabées et de serpents présentés lors de l’Exposition universelle de 1867.
Merci à Geoffrey RIONDET, spécialiste du bijou ancien, qui vous a invité à plonger dans l’univers fascinant des bijoux du Second Empire.
« Bijoux anciens (1800 – 1950). Découvrir, identifier et apprécier ». Éditions Flammarion. En librairie.
Le projet a été développé avec le soutien de l’Institut National de Gemmologie et ses professeurs (historiens et gemmologues) : Valérie Goupil, Anne Laurent, Brigitte Serre-Bouret, Loïc Lescuyer et Gérard Panczer. La préface est rédigée par Victoire de Castellane, directrice artistique de la Joaillerie Dior.